Le co-développement professionnel, ou codev pour simplifier, est un concept proposé par Adrien Payette et Claude Champagne en 1997. Voici comment ils le définissent :

« Le groupe de co-développement professionnel est une approche de formation qui mise sur le groupe et sur les interactions entre les participants pour favoriser l’atteinte d’un objectif fondamental : améliorer la pratique professionnelle. Le groupe constitue une communauté d’apprentissage qui partage les mêmes buts et qui s’entend sur la méthode : étude attentive d’une situation vécue par un participant, partage de « savoirs pratiques surtout, et de connaissances théoriques au besoin. » (extrait du livre “Le groupe de codéveloppement professionnel”, page 7)

Il existe plusieurs outils différents pour faciliter le codev entre pairs. Dans cet article nous allons discuter d’OASIS, l’un des outils créé par Liselotte Baeijaert et Anton Stellamans (Ilfaro.be) et ça nous a été transmis par Géry Derbier. J’ai eu la chance d’avoir pu l’utiliser avec lui et dans différentes situations. Géry l’a présenté comme suit : 

“Si cela fait longtemps que vous êtes coincé(e) dans votre désert de questions, ressourcez-vous avec OASIS”

OASIS est un acronyme pour :

  • Ouverture
  • Appréciation
  • Suggestions
  • Inspiration
  • Stop

OASIS est un outil timeboxé. Respecter les timeboxes vous évitera de vous lancer dans des discussions sans fin et obligera les participants à être plus concis. Il est important d’expliquer toutes les étapes aux participants avant de commencer votre séance de codev. Le format que je vous propose est optimal pour 3 à 6 personnes, pour plus de personnes il faudra changer les timeboxes.

Ouverture 

1 min : un demandeur formule une demande

7 min : les auditeurs clarifient la demande

Pendant ces deux étapes, le demandeur et les auditeurs doivent comprendre la vraie demande et partager la même compréhension.

Appréciation

2 min : les auditeurs disent ce qui les impressionne le plus chez le demandeur

C’est la partie la plus difficile mais la plus essentielle de l’exercice. Cette partie aide le demandeur à se sentir en confiance vis-à-vis de ses auditeurs et mieux accepter leurs propositions. Cela force aussi les participants à écouter plus attentivement les propos du demandeur. En se basant sur la discussion précédente, les auditeurs doivent trouver ce qui les impressionne le plus chez le demandeur. 

Pendant la session avec Géry, il nous a proposé un icebreaker pour faciliter cette partie. Le principe de cet icebreaker est assez simple : les participants se mettent deux par deux, et chacun doit trouver une situation dont il est fier. La 1ère personne raconte à l’autre son histoire dans une timebox de 3 minutes et l’autre personne l’écoute comme si c’était son idole. Une fois le temps écoulé, l’auditeur exprime ce qui l’a le plus impressionné dans cette histoire. Puis on échange. Cet icebreaker m’a bien aidé dans plusieurs exercices et a bien facilité la suite. Si vous sentez que votre groupe en a besoin, utilisez-le.

Suggestions

5 min : donner des idées de solutions ou de simples réflexions sur la question posée par le demandeur

Pendant ces 5 minutes, le demandeur sort physiquement du cercle de discussion et ne fera qu’écouter les réflexions des auditeurs sans intervenir. Le fait d’être à l’extérieur du cercle de discussion est important pour ne pas tenter le demandeur d’intervenir pendant la discussion. Cela permet aux autres d’aller jusqu’au bout de leurs idées et même si le demandeur n’est pas d’accord, il essaie de comprendre la proposition en écoutant jusqu’au bout.

Inspiration

2 min : Le demandeur dit ce que les propositions lui ont inspiré

Grâce à la partie « appréciation », le demandeur mis en confiance devient plus ouvert aux propositions de la partie « suggestions ». Il va également pouvoir plus facilement exprimer ce que la discussion lui a inspiré. L’icebreaker qu’on a vu dans la partie « appréciation » va aussi nous aider ici.

Stop

Fin de l’exercice.

Voilà un format de codev express, d’exactement 17 minutes.

J’ai pu utiliser ce format dans plusieurs situations différentes : la rétrospective d’une équipe, résolution des problèmes au sein d’une communauté de facilitateurs, entre les membres d’une association pour aider à mieux avancer, etc. et à chaque fois le retour des participants était très positif.

Petite astuce pour la fin : attribuer un facilitateur par groupe de codev aide vraiment à avancer sur le sujet et à respecter les timeboxes. Cela encourage aussi les gens timides à se faire des compliments. 

Bon atelier de codev !

Cet article a été mis à jour suite aux remarque de G. Derbier le 01/02/2020.